Des cahiers d’écoliers, des stèles, des toiles grandes ou petites : Janladrou explore tous les supports. D’abord attiré par les petits formats, il parsème ses carnets de caractères empruntés à des alphabets anciens ou plus récents, créant un pont temporel entre les époques. Plus tard, le temps lui permet d’entreprendre des travaux plus grands, où il mêle couleur, noir et blanc, écriture de grandes tailles et phrases poétiques. Acrobate pictural, Janladrou parvient à sortir l’écriture de son emploi habituel. Les lettres se retrouvent incorporées dans des supports qui nous amènent à nous interroger sur la typographie vue pour elle-même indépendamment de tout souci de signification précise. La lettre n’est plus là pour composer une chaine mais existe pour son graphisme, sa plastique, sa beauté formelle, de pictogramme abstrait.
En 1969, Janladrou réalise sa première exposition au théâtre de Saint-Lô « A cette époque j’expérimente différentes techniques (…) tout cela avec la sensation de franchir peu à peu les étapes d’un parcours initiatique. »
Il passe du report au gouttes à gouttes, se joue des pastels cire grattés, de l’encre et huile sur papier, expérimente le ponçage sur plâtre ou les nouvelles techniques permises par le numérique. La liste est encore longue ... Cette liberté dans la manière de composer ses œuvres fait l’anti conformisme et l’originalité de son art. Il désirait « trouver sa voie au milieu des innombrables pistes tracées par les grands précurseurs ». À force de chercher il est devenu Janladrou.
Depuis son enfance Janladrou entretient une relation très particulière avec les signes. D’abord, fasciné par les écrits calligraphiés rapportés par son père, il prend plaisir à les lire et à les observer. Devenu instituteur, les rôles s’inversent. C’est lui qui tient la plume et les élèves qui observent « Un de mes plus grands plaisirs, c’était d’écrire au tableau ».
Janladrou retrouve le côté sacré de la lettre comme au temps des hiéroglyphes ou des enluminures médiévales.