L’exposition,«Vivenda» (viande en latin ) est née d’une proposition de travail sur le théme de la « gourmandise », qui évoque d'ordinaire des douceurs sucrées.
L’associer à de la viande comme le fait Benoît Delomez déroute le spectateur.
Répulsion, attirance, curiosité, autant de réactions diverses de la part des spectateurs. Multiplicité encore plus nette lors de la confrontation avec les photos du travail chirurgical effectué par l’artiste, avec cette chair écorchée, ouverte, comme cisaillée. Un aspect assez sensible qui peut déstabiliser, captiver ou encore provoquer une certaine forme de douleur ou de souffrance.
Le frigo, est un objet clé du quotidien, indispensable. En offrant ses trésors de fraîcheur il devient le corps réceptacle d’une certaine boulimie, la métaphore de notre fonctionnement biologique. Benoît Delomez nous incite à une introspection sur notre propre chair.
Dans son œuvre, le frigo se présente comme la masse de notre corps, un corps recouvert par une peau de magnets, représentant la forme de la molécule de la protéine. Un corps qui s’ouvre et se referme à volonté dévoilant des morceaux de viande.
Pour survivre nous devons nous nourrir avaler de la nourriture et des protéines. Nous nourrissons notre propre chair par une autre chair.
La relation que nous entretenons avec notre propre corps est ambiguë. Alors que l’extérieur est souvent objet d’admiration et de soins, son intérieur provoque de la répulsion et du dégoût ; comme si nous refusions d’admettre la façon dont nous sommes constitués, honteux des organes qui nous font vivre.
De son père boucher, Benoît Delomez a récupéré des pots de tripes avec des initiales identiques aux siennes. La matière à l’intérieur des pots est un composé de résine et de peinture céramique. Dans sa vidéo, l'artiste montre le processus d’émergence de la matière due à une réaction chimique. Cette réaction qui se fait sans intervention de l'auteur qui laisse la résine agir seule et créer ses monolithes. Ces pots parlent de la vie, comme une naissance spontanée mais symbolise en même temps la mort. Le mouvement se fige et dans la pause, l'arrêt du temps, les pots deviennent fossiles.
NOTRE CHAIR
De la viande photographiée en gros plan, des boulettes de chair en résine posées sur des clayettes de réfrigérateurs, des pots sanguinolents alignés comme dans la devanture d’un boucher. Autant d’éléments qui renvoient à l’image que nous nous sommes construite de nous-mêmes, à ce corps qui nous ravit, nous inquiète ou nous trouble. Autant de questions sur ce qui nous constitue et nous nourrit, sur cette matière que nous habitons : la chair.